Ni évangéliste, ni empereur, Mathieu LEMPEREUR ( N° 1406 )
Mathieu LEMPEREUR, dit L'Mathieu, laissons la presse ( Midi Libre) vous en parler :
Invitée, comme tous les Ch'tis du Club du P'tit Quinquin, à visiter son expo du moment, Quinquine est allée à SAINT-HILAIRE ( Aude ), dans l'abbaye bénédictine. Les tableaux du peintre se voient dans le réfectoire des moines.
Les regardant volontairement en béotienne, Quinquine a vu ce que le seul titre du tableau n'a pas pu refléter de la version de l'artiste. Que Mathieu pardonne son interprétation, mais c'est ainsi: chacun comprend ce qu'il peut et voit ce qu'il veut.
Il en est ainsi de cette " Fête des pères ". Tableau que la visiteuse aime et qui lui fait penser à Dali, pour son évocation onirique.
Sous la voûte centrale, est bien mis en valeur, un tableau auquel l'auteur a donné le nom de " Témoignage historique ". Certes les colonnes rappellent celles du cloître des Bénédictins de l'abbaye, les sculptures évoquent celles des cariatides, les vases ressemblent aux vases romains; l'ensemble est digne d'une demeure princière. L'observatrice y trouve la même veine que dans le précédent tableau.
Photographe, Quinquine ne donne ici que quelques œuvres, ses préférées, les plus simples, tel ce pot bleu, dont malheureusement le flash déforme les nuances. De ce tableau, elle aime le sujet d'abord: fleurs, fruits, objets. Et aussi les couleurs, celle du fond, la touche de rouge des coquelicots, l'étincelle bleue des ? , la modestie des petites fleurs blanches.
Elle aime aussi l'enfant blond qui manque à l'artiste. Elle imagine pourquoi, il lui manque. Les boucles d'or, la pose des gambettes sur le plaid, la mise en scène de l'attache du chemisier, la tendreté rose de la peau sont- ils un souvenir trop lointain, ou trop éloigné, pour Mathieu ? L'encadrement est noir; l'enfant est-il décédé et les fleurs ont-elles été déposées sur la tombe que représenterait le rectangle de marbre vert en bas à gauche ? L'hommage tient-il dans les frises latérales et dans la frise d' algorythmes qu'aurait bien pu dessiner un petit garçon ?
Mais le préféré, le premier qui s'est imposé au regard, qui s'est détaché dans le grand nombre de peintures exposées, c'est incontestablement ce clin d'œil malicieux, malice du couple de voyeurs, malice du jeu de cache-cache, malice de celui qui a pensé à saisir le moment en instantané photographique et à l'enfermer dans plusieurs cadres.
Les Néo-Audois, exilés des Hauts de France, ont découvert l'Mathieu ,lorsqu'il fut baptisé dans le Club de Ch'tis du Narbonnais. Ce jour-là, il était de l'autre côté du miroir.
Comme tout grand artiste, il a fait son auto- portrait et comme il ne manque, ni d'humour, ni de culture, il ne se prend pas au sérieux, tellement peu qu'il ne sait pas s'il est Louis XIV, dont il a le pommeau et les volants, ou Henri IV, dont il envie la fraise, ou Louis XIII, dont il prend la pose avec cuirasse et perruque. Tellement ressemblant qu'il est bien trois personnages à la fois, l'Mathieu. Et Quinquine a bien ri.
Pour accrocher ses œuvres aux cimaises , l'auteur a choisi un cadre à la hauteur de son talent: une abbaye monument historique.
Dans l'ancien réfectoire, en ce mois de mai 2016, tous les sens revivent : le bon goût du passé, l'odeur de la peinture, le toucher des pinceaux, l'écoute religieuse du silence, la vue, qu'en quittant l'endroit, on a sur la nature.
L'enfant d'HENIN-LIETARD, celui que l'ALGERIE a marqué, le TOULOUSAIN d'adoption, ami de Claude Nougaro, a bien fait de se poser dans les CORBIERES. Les Quinquin l'ont adopté et lui, il n'a pas oublié qu'il est né au pays de Matisse et de Watteau . Claude Nougaro ne s' était pas trompé en le prédisant voué à la célébrité et avait, d'un seul trait, restitué le visage, désormais familier, de Mathieu LEMPEREUR.