Bons baisers de CALAIS ( N° 1615 )
Dans une ville sinistrée comme Calais, le musée des Beaux Arts, pourtant situé dans le centre historique, tente de survivre. En 2016, il a fusionné avec la Cité de la dentelle, autrement plus glamour. Actuellement, la recherche d'une nouvelle connexion avec la population et la séduction des éventuels touristes sont à l'ordre du jour.
Voici donc une première exposition, inscrite dans la saison du centenaire de Rodin. Le thème est également consensuel, c'est celui du Baiser dans l'Art, de Rodin à nos jours.
Dans la vie comme dans l'art, le baiser peut être tendre, amoureux, prédateur, cannibale. Le parcours ne pouvait occulter cette ambivalence. les douces représentations alternent bien avec d'autres, plus dérangeantes ou violentes.
Mais le choix des installations en nombre est allé vers des oeuvres ayant une charge érotique jugée tolérable, pour tout public. Toutes ne proviennent que de France ou de Belgique, en raison du coût des voyages des oeuvres d'art. Le Musée d'Ixelles fut prêteur.
L'exposition n'est jamais laissée sans pédagogie, empêchant les groupes d'écoliers de ricaner ou les puritains de tout bord de se mettre en colère.
On compte ainsi, toujours de Rodin, un plâtre : "Les femmes damnées"
Un surréaliste est présent : Victor Brauner. Les élèves pourront comparer les périodes.
L'éventail est large qui a pour point de départ Rodin ! Les tableaux jouxtent les statues.
Pour finir la visite, revenons au grand travail de sculpture de Rodin. Ce blog a déjà évoqué son centenaire. ( Actuellement un film célèbre l'évènement sur les écrans de cinéma.) L'amour et le couple ont été sa grande source d'inspiration.
En comparaison, on s'étonnera que, sur le Parvis de l'Hôtel de Ville de Calais, figure son oeuvre aux personnages empreints de douleur, en chemise et corde au cou, communion avec toute la misère du monde. Installés depuis 1895, "Les Bourgeois de Calais" demeurent mal aimés des riverains et ne sont pas faits pour restaurer une fierté locale perdue.
Adresser à Calais le Rodin le plus heureux, c'est suggérer que l'espoir reste possible par-delà l'adversité. Rodin sait inviter à l'optimisme.
N.B: L'exposition est visible jusqu'au 17 septembre.
(texte inspiré de l'article lu dans la page "culture" du Figaro du vendredi 02 juin 2017)