On regarde la plage de Dunkerque autrement après avoir vu le film. ( N° 1655 )
Avec ses caméras, Nolan a fait revivre l'évacuation des troupes anglaises encerclées par les Allemands sur la plage du nord de la France.
Un ancien qui l'a vécue, a pleuré pendant la projection de "Dunkerque". C'était il n'y a pas si longtemps.
Cette reconstitution n'est pas que du cinéma, mais bien la mémoire d'une réalité et je ne pourrai plus jamais voir cette mer autrement que comme un cimetière marin d'avions, de bateaux, de soldats.
Il faut écouter Nolan pour saisir le passage constant de séquences filmées à terre, puis de vues dans le ciel et enfin dans la mer,
« En réfléchissant à la manière de raconter cette histoire, j'ai vite pris la décision de montrer les événements à la fois depuis le rivage, le ciel et la mer »
Il a choisi d'utiliser une unité de temps différente pour chaque décor (la terre: une semaine, la mer: une journée, le ciel: une heure) pour mieux mettre le spectateur dans la peau de héros qui risquent tous leur vie. Ce choix de montage alternatif renforce le suspense.
Il faut encore attendre à terre, la menace vient du ciel, la délivrance viendra peut-être de la mer.
Une semaine sur la terre
Les soldats pris en étau sur la plage tentent de survivre de leur mieux en attendant les secours. C'est là où les faits se sont déroulés que le réalisateur a choisi de reconstituer son décor.
« Une fois qu'on a vu le lieu en vrai et qu'on a pris conscience de ses caractéristiques géographiques très spécifiques, il nous était impossible de tourner ailleurs »
Certains troufions essayent de gruger pour monter sur les bateaux avant les autres, ce qui n'est pas toujours le meilleur choix, car ceux-ci constituent d'excellentes cibles pour l'ennemi.
Un jour sur la mer
Pour parvenir à réussir l'opération Dynamo et à évacuer 338.226 soldats, de grands bâtiments ont été mis à profit, mais aussi des centaines de petites embarcations de plaisance manœuvrées par des civils. L'une d'elle est au centre du récit démontrant le courage des Anglais dans l'adversité. « Ça nous ramenait à un cinéma que nous aimons. Aussi une équipe réduite à son minimum, en proie aux éléments et toujours prête à affronter les événements les plus inattendus. » Les rapports sont vite tendus sur cette coquille de noix confrontée à des dangers mortels venus du ciel et de la mer.
Une heure dans les airs
Des avions Spitfire de la Royal Air Force essayent de protéger les soldats qui se font canarder sur la plage.
« On voulait tout montrer du point de vue des pilotes. C'était un énorme défi d'avoir cette gigantesque caméra IMAX dans le cockpit d'un Spitfire, mais on était déterminés à le faire »
Leurs interventions offrent des scènes au suspense poignant et à la beauté époustouflante. Le survol de la plage par un avion, qui semble comme en apesanteur, constitue l'un des nombreux morceaux de bravoure d'une œuvre puissamment belle.
Mais l'ennemi peut tuer l'espoir. Néanmoins, Nolan ne jette pas l'anathème sur les Allemands.