( N° 1809 )
Givenchy. Ce nom, connu dans le monde entier, incarne depuis plusieurs décennies l'élégance à la française.
Né à BEAUVAIS en 1927, Hubert de Givenchy grandit au sein d'une famille sensible à l'art. Un arrière-grand-père réalisateur de décors à l’opéra de Paris, un grand-père administrateur de la manufacture de tapisserie de Beauvais, l’autre designer et décorateur de renom… Le jeune Hubert suit les pas de ses illustres aïeux. À 17 ans, il part à Paris étudier aux Beaux-Arts et devient apprenti chez le couturier Jacques Fath. C’est la révélation.
Il a débuté sa collaboration avec l‘actrice américaine en 1953. Au départ, Hubert de Givenchy avait refusé de l’habiller. «Quand Audrey est venue me demander de lui faire ses robes pour le film Sabrina, je ne savais pas du tout qui elle était et j'attendais Katharine Hepburn », racontait l’élégant couturier, au vernissage de l’exposition « Audrey With Love » qu’il a supervisé à La Haye. « Elle est arrivée frêle, gracieuse, jeune, pétillante, vêtue comme une jeune fille de maintenant, d'un pantalon en coton, de ballerines et d'un t-shirt dévoilant son nombril, un chapeau de gondolier vénitien à la main. Je n'étais pas en état de faire une garde-robe importante pour Sabrina et je lui ait dit non, Mademoiselle, je ne peux pas vous habiller », s’amusait le couturier. Mais tenace la belle brune l’invite à dîner. A la fin du repas, sous le charme, Givenchy lui propose de revenir le lendemain à la maison de couture. « Avec la taille qu'elle avait, tout lui allait », racontait le créateur. « Elle m'a persuadé. Et combien j'ai été sage d'accepter ! »
Hubert de Givenchy est un travailleur acharné. Toujours arrivé le premier à l’atelier, avenue Georges V à Paris, il porte une éternelle blouse blanche. Son regard bleu voit tout, surveille tous les détails ; il est attentif, calme, concentré, il reste courtois au milieu de la ruche affairée qui l’entoure. Rien ne l’arrête, il s’applique aussi bien sur les sièges d’une voiture (pour Ford et Nissan) que pour les robes du soir.
Hubert de Givenchy n'en oublie pas sa terre natale. S'éloignant de Paris, il choisit de s’installer dans l’Oise, à BEAUVAIS. Il y ouvre une usine de parfums en 1959, suivie d’une unité de productions de soins et cosmétiques. "J’ai toujours été attiré par le Beauvaisis, tout d’abord une partie de ma famille s’y trouvait, j’y avais passé ma jeunesse [...] Il m’a semblé que je devais choisir la Picardie pour cette implantation car mon cœur y avait une place…" L'usine, très vite trop étroite, sera maintes fois agrandie pour faire vivre des dizaines d'employés.
Ysatis, Amarige ou Organza... Au sein du site beauvaisien seront produits les plus célèbres des Parfums Givenchy. Le créateur y fait exploser toute sa créativité. Il trouve surtout dans la proche vallée de la Bresle les verreries dont il a besoin pour façonner ses précieux flacons. Des flacons sculptés, qui donneront encore plus d'écho à la marque "made in France". Le succès de ces essences, retentissant, dépasse les frontières de la France.
Le grand couturier s'est éteint samedi 10 mars 2018, à l’âge de 91 ans.
Ref: La lettre d'info hebdomadaire des Hauts de France