N° 2052 ) François BOUCQ de LILLE à NEW-YORK
La critique le dit " au sommet de son art ".
Ce Lillois de naissance est fasciné par les métropoles grouillantes. " Les flics, les ruelles, les poubelles, les bouches d'égout, les papiers gras qui volent, la poussière ou la pénombre... Même un mur mangé par l'humidité ou couvert de tags, c'est un vrai plaisir de dessinateur." dit-il.
Ce dessinateur de B.D. est François BOUCQ.
Il voulait continuer à explorer les personnages de "Little Tulip" qui racontait l'histoire d'un tatoueur russe évadé du goulag stalinien, réfugié à New-York vers 1970 et qui a pris sous son aile une fillette eurasienne nommée AZAMI.
François BOUCQ publie un nouvel album avec le romancier Charyn : " NEW-YORK cannibals ".
Cet album très au-dessus du lot, qui se lit à cent à l'heure, raconte les péripéties d'une femme flic culturiste, découvrant un bébé abandonné dans une poubelle, dans une ruelle malfamée du New York des années 90.
L'intrigue est tendue comme un arc. Boucq (et Charyn) développent autour des deux héros une sorte de cour des miracles, éclopés de la vie, monstres en tout genre, gangsters patentés, politiciens véreux, agents gouvernementaux vicieux...
Sur "New York Cannibals", François Boucq est intarissable:
«J'ai voulu représenter une sorte de Madone testostéronée. Lorsqu'il découvre l'image, le lecteur commence par porter son regard vers le bébé. Puis, les yeux remontent insensiblement vers le visage de l'héroïne en suivant ses bras puissants et exagérément musclés. Le tout forme une sorte de spirale. J'ai voulu sciemment créer une dynamique entre Azami et le bébé. Comme si je signifiais graphiquement qu'entre elle et ce nourrisson quelque chose tournait rond. L'héroïne est une mère un peu atypique, presque asexuée. On ne voit presque que du muscle et un bébé sur l'image. Il y a une énergie en elle, mais aussi le sentiment de la maternité. Il y a clairement une inspiration liée à l'imagerie chrétienne dans cette image. Je voulais que les lecteurs puissent inconsciemment penser à une madone, une vierge à l'enfant. Au centre du dessin, ce bébé est un noyau d'innocence. Un élément de candeur pure... Et l'on comprend qu'en réalité, c'est lui qui adopte l'héroïne. C'est lui qui choisit sa mère...»
Au milieu de l'album, François BOUCQ met en scène une course-poursuite en voiture digne de la légende... "Je voulais avant tout mettre en scène une poursuite en voiture urbaine dans la folie nocturne d'un New York hors de contrôle, poursuit Boucq. J'ai surtout joué de la science du cadrage. En mettant parfois mon regard en dessous des calandres de véhicules, pour obtenir l'effet que je désirais."
Le dessinateur François Boucq et le romancier américain Jérôme Charyn savent qu'avec "NEW-YORK CANNIBALS ", bande dessinée en forme de thriller haletant et noir, empreint d'une belle spiritualité, qui plonge dans les entrailles du New York des années 90, ils ont frappé un grand coup.
Le résultat laisse pantois les amateurs de B.D.