N° 2061 ) Photo intrigante : celle d’un enfant roux sur un vélo sans selle ni pédales.
Si, le samedi 19 septembre, vous n'étiez pas devant la chaîne 2 de votre poste de télévision, pour l'émission "13 heures15" (avec Laurent Delahousse), vous avez manqué un reportage qui m'a émue au plus haut point et je vous recommande sa lecture en replay.
Premièrement la photo qui intrigue est remarquable et pourrait être attribuée à un grand photographe (même si sa copie ci-jointe n'est pas de bonne qualité). Elle figurerait même en bonne place de l'exposition "Visa pour l'image" sans qu'on y voit à redire.
Elle fut probablement prise dans les années 60 et a ému les internautes. ( Donc je ne suis pas la seule !)
Grâce à Twitter, deux LENSOIS, Pascal Demuynck et Guillaume Lecointre ont lancé, quant à l'anonymat de cette photo, une enquête qui a touché des milliers de personnes.
Ensuite ce reportage montre la pertinence des sujets traités, car de bout en bout, on n'avait qu'une hâte: celle de connaître la suite.
Le récit est construit sans lasser le spectateur, grâce à l'alternance entre auditions, géographie, témoignages.
C'est une véritable enquête menée à la manière d'un enquête policière qui s'est déroulée dans un espace relativement restreint.
Une enquête virtuelle qui a tenu en haleine en 2019. Mais il fallait être connecté.
L'émission est une démonstration des bienfaits de la technologie moderne: appels et interviews dans la presse écrite, usage des caméras avec les interviewés, utilisation des téléphones ou smartphones entre intervenants en recherche de solution, sur Internet quelquefois, bienfait des réseaux sociaux, dont Facebook, pour le voyage des idées parmi les participants.
Qui aurait cru que le mystère de son histoire serait levé par… les réseaux sociaux !
Cette histoire est une très belle histoire qui n'aurait jamais vu le jour sans la curiosité et l'opiniâtreté de l' homme à l'origine de la recherche.
C'est l'histoire d'un enfant qui n'a pas d'autre nom que sa couleur de cheveux . Il est un ange déchu pour notre bonheur de spectateur.
Elle est la preuve d'une affection profonde pour la région minière des Hauts de France, où elle se déroule.
Elle plonge dans un passé pas si lointain, où les mines de charbon tournaient à plein régime dans le nord de la France.
La vie d'un enfant des années 60 dans ce milieu particulier des mines de charbon est édifiante de morale, prouvant la joie trouvée dans les jeux les plus basiques, les objets les plus ordinaires, ( à comparer avec ceux des enfants de 2020 et leur insatisfaction ) .
L'enfant roux s'amusait avec une vieille bassine qu'il emplissait de boue, non sans imagination.
La solidarité entre chercheurs a été à la hauteur de la réputation de cette qualité chez les gens du Nord, par exemple de ces COURCELLOIS qui ont mené leur enquête.
Depuis le départ, le couple Houriez en est sûr et certain. Sur cette photo, « c’est un des fils Longeois, a priori Jean-Michel ». Un nom qui ressortait massivement sur les réseaux sociaux et que le couple a pu confirmer grâce aux témoignages recueillis auprès d’anciens Courcellois. « J’ai mené mon enquête vous savez », sourit Marie-Christine qui pouvait déjà compter sur les souvenirs de son mari.
Le mari de Marie-Christine, André Houriez, habitait gamin (et habite toujours d’ailleurs) dans cette fameuse rue de Fismes. « Moi j’étais au nº11 et lui, il était au nº14. Ils étaient sept enfants dont trois garçons. » En voyant le fameux cliché, « J’ai tout de suite reconnu l’endroit, les arbres, les maisons et même les hortensias qui étaient encore là y a pas longtemps dans le jardin de gauche ».
Si aujourd’hui la boue dans laquelle le vélo de Jean-Michel était prisonnier a laissé place à un macadam bien lisse et les arbres ont été remplacés par des lampadaires, les habitations de ce coron de la fosse 7, elles, sont intactes.
L'évocation du passé minier est faite sans pathos et sans tomber dans le misérabilisme , même s'il nous émeut.
Les noms de leurs villes ont résonné d'un bout à l'autre : WAZIERS
Ou alors HOUDAIN ?
A moins que ce soit à HENIN-BEAUMONT ou NOYELLES-GODAULT ...
L'enthousiasme suscité par la recherche a même été une grande fierté pour les gens de la région.
La modestie, la simplicité de l'homme "wanted" et puis "retrouvé" en font un héros effacé qui a dit n'avoir jamais été malheureux.
Le hasard a finalement bien fait les choses ou alors on pourra plutôt remercier la passion de deux amis et de tout un peuple nordiste.