N° 2175 ) A LILLE, si on sait "brader", par le passé on a su "récupérer".
Années 1860, Paris.
La Compagnie du chemin de fer du Nord fait face à un problème de taille. La gare "tête du réseau", bâtie depuis à peine dix ans à Paris, est déjà trop petite ! Il faut impérativement en construire une nouvelle pour faire face au nombre de voyageurs qui augmente à une vitesse folle.
Heureusement, la Compagnie a plus d’un tour dans son sac.
Au même moment, quelque 220 kilomètres plus loin, la ville de LILLE manque justement d’une gare digne de ce nom.
Pourquoi ne pas démonter la belle façade classique de la gare du Nord parisienne, œuvre de Léonce Reynaud, pour la remonter là-haut ?
Le projet est vite adopté : les pierres qui constituent l'édifice parisien seront numérotées et prendront... le train. Direction Lille, pour être réassemblées sous la supervision de l’architecte Sidney Dunnett !
Une façon ingénieuse – et économique – de réutiliser les matériaux mais qui ne remporte pas tout de suite l’adhésion générale. Au conseil municipal de LILLE, en 1864, on s’indigne : est-ce que ces "défroques de la capitale" constituent vraiment une gare monumentale, "alors qu’on n’y rajoute ni colonnes, ni porches" ?
Pas le choix, il faut donner à ce projet une allure plus séduisante. C’est ainsi que Sidney Dunnett décide d’ajouter à la façade, déjà ornée de colonnes de style antique, un étage supplémentaire.
On couronne le tout d’une immense horloge.
Ainsi embellie, la façade fait oublier son remontage “en kit” et devient l’entrée grandiose de la “nouvelle” gare, véritable palais ferroviaire...
Mission réussie, les Lillois l’adoptent : la Compagnie du chemin de fer a finalement fait d’une pierre (ou plutôt d’un paquet de pierres), deux coups !
Source ARTIPS ARTS Une dose d'arts au quotidien