De l'ancien séminaire de LILLE, les prêtres en formation ont déménagé à la fin du mois d'août 2018, et le diocèse a été sollicité par la préfecture du Nord, qui a besoin de locaux pour des hébergements d'urgence de réfugiés. La bâtisse de briques rouges est immense. Elle est désormais pleine de vie avec 56 personnes, dont de nombreuses familles, venues d'Irak.
Bâtiment vidé, permettant l'hébergement
La famille de Rahaf, musulmane, a vécu en Norvège pendant plus de trois ans. Son dossier de demande d'asile a reçu un avis négatif.
Il a fallu partir, encore. Gaida et ses deux enfants se sont retrouvés en Bretagne, à Lorient, où elle raconte qu' elle dormait dans la gare.
On lui a alors conseillé de venir à LILLE, et aujourd'hui elle bénéficie d'une mise à l'abri et d'un accompagnement par l'association Coallia, mandatée par la préfecture. Elle peut enfin trouver un peu de repos : "Tous les gens ici m'ont aidée, ils nous ont donné à manger, ils nous ont prêté cette chambre, très propre. Je rêve d'un bel avenir pour mes enfants".
Elle espère maintenant que son mari pourra les rejoindre à Lille. Il est pour l'instant coincé en Allemagne, à cause des accords de Dublin, qui prévoient qu'un migrant soit renvoyé dans le pays par lequel il est entré en Europe.
Gaida compte déposer une demande d'asile en France, ce qui n'est pas le cas de la majorité des Irakiens hébergés ici, qui sont pour la plupart passés par le littoral, Grande Synthe, Calais, et qui rêvent toujours d'Angleterre.
La petite Rahaf, elle, voit déjà sa vie en France : "Je veux aller à l'école et apprendre le français. Je sais déjà parler un petit peu !". Et l'enfant de passer de l'anglais au français, pour nous dire "bonjour, ça va bien ? Je m'appelle Rahaf".
Gaida et ses deux enfants (diocèse de Lille)
Le vicaire général du diocèse dit: "Aujourd'hui, on voit beaucoup de Chrétiens s'investir dans l'accueil des migrants. Il y a une très forte sensibilité aux Chrétiens du Proche-Orient, mais pas seulement. Quelle que soit la nationalité, quelle que soit la confession, l'accueil est inconditionnel".
Cet hébergement est une démarche parallèle à celle bien plus large à laquelle répondent déjà des paroisses ou des associations. 250 réfugiés d'Irak et de Syrie sont accueillis dans le Nord-Pas-de-Calais. "C'est de l'accueil de familles par des familles, c'est émouvant de voir que les gens se sont mobilisés".
Une fondation finance notamment des cours de Français, en complément de ceux proposés par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, pour permettre à ces réfugiés "d'avoir le niveau requis pour trouver une activité professionnelle. Cela leur permet de maîtriser la langue. On a aujourd'hui une forte intégration professionnelle, preuve que cela fonctionne. Il y a beaucoup de courage du côté de ces familles, qui recréent leur vie à partir de zéro".
Cours de français d'abord