N° 2149 ) Montrer que le fils d'ouvrier pouvait réussir
C'est pour le film "Zaï Zaï Zaï" qu'une revue féminine a rencontré Jean-Paul ROUVE. Et elle en a fait un article de 4 pages.
Dans ce film, J-P. ROUVE est un acteur qui bascule dans la clandestinité à la caisse d'un hypermarché parce qu'il a oublié sa carte de fidélité.
Fugitif, il dégaine un poireau pour se défendre contre un vigile et cette course-poursuite renoue avec le burlesque déjanté.
Le succès populaire des "TUCHE" qui à ses 55 ans arrive à point sur la tête d'un petit gars de DUNKERQUE bosseur et parti de rien, est un plaisir qu'on ne boude pas.
Un ami dit " Jeff TUCHE ce n'est pas un hasard. Parce qu'il a vécu dans un milieu très humble, qu'il le respecte et ne le renie pas du tout. Arriver à Paris venant d'une famille ouvrière, il y a décalage. Il l'interprète dans les TUCHE avec d'autant plus de coeur qu'il l'a vécu. Il y a de vraies revendications par derrière."
Interviewé, il parle de son père qui a quitté l'école à l'âge de 12 ans pour monter à la recherche d'un travail dans les usines du Nord, a connu les "trois-huit", puis a été jeté au chômage vu la crise industrielle.
Il évoque sa mère issue d'une famille de la petite bourgeoisie dunkerquoise. L'écart entre leurs origines sociales a forgé chez le fils un besoin de légitimer.
Alors il quittera DUNKERQUE. Pour payer ses frais de scolarité à Paris au Cours Florent, à 30 ans il sera gardien, il sortira les poubelles, il sera homme-sandwich, il ouvrira et fermera les portes...
Apparu à la télé en 1997, il était alors brigadier dans la série "Julie Lescaut". Il compte 57 films à son actif depuis.
Aujourd'hui, il est heureux quand son fils l'écoute travailler, galérer sur des dialogues. Il dit: " S'il y a quelque chose à montrer à un enfant, surtout à propos d'un métier comme le mien où on peut très vite ne voir que le côté succès, paillettes, c'est le travail. J'ai eu la chance, contrairement à lui, d'être né dans un milieu modeste. Je sais que la norme ce sont des gens qui travaillent beaucoup et gagnent peu." Il lui enseigne à voir le côté amusant de situations compliquées.
Il l'a amené à DUNKERQUE lors de l'avant-première des "Tuche 4", qu'en vrai fils du Nord il a offert aux Dunkerquois.
Pour ses rôles, Jean-Paul Rouve choisit la diversité.
C'est souvent en bon gars rigolo qu'il triomphe, mais c'est en détestable collabo qu'il a décroché le César du Meilleur Espoir masculin pour "Monsieur Batignole".
Il a dernièrement accepté un rôle très délicat, celui de Mazznef dans l'adaptation du roman de Vanessa Springgora "Le consentement".
Pour lui, passer de Jeff Tuche à Gabriel Mazznef est une évidence: "C'est pour ça qu'on devient acteur. Jouer. Pas jouer à faire semblant, non mais jouer à faire exprès."