Jardins : Art, mais ici ils ne sont pas qu'à admirer... ( N° 1956 quater, le dernier )
De tous les "jardins de la paix" des Hauts de France, le plus beau est peut-être celui de SERICOURT dans la Somme.
Entre Arras et Le Touquet, deux paysagistes Yves et Guillaume Gosse de Gorre célèbrent les deux forces opposées. En hommage aux soldats de la Der des ders, mais aussi à ceux de tous les conflits qui ont si fortement marqué leur région, le père et le fils ont créé un incroyable jardin.
C'est un jardin de contrastes au niveau des thématiques puisqu'à côté d'un jardin guerrier, se situe le jardin de la paix.
C'est à SERICOURT un jardin de contrastes au niveau des thématiques, puisqu'à côté d'un jardin guerrier, se situe le jardin de la paix.
On y pénètre par des bataillons d'ifs, que l'on a taillés à différentes hauteurs et qui dressent leurs silhouettes de combattants, sanglés dans un feuillage vert bronze. Ce sont les soldats en terre cuite de l'empereur chinois Qin qui ont inspiré à Yves cette réplique végétale d'une armée en marche.
Y répondent les fers de lance blancs ou rouges des lupins de printemps, flammes ou encore explosions, les traces sanguines des coquelicots d'été et, pour finir, le drapeau blanc des ibéris à l'automne.
En face, pensif et sombre, se tient le conseil des chefs d'armée, sculptés dans des pieds de thuyas nains , soit une mer de têtes gigantesques casquées ou non, et semblant réfléchir aux conséquences des batailles.
Les effets des combats sont stylisés aussi.
Ici, la pelouse laisse voir les immenses cicatrices rondes que firent les bombes.
Là, fantômes d'une armée, des silhouettes de tôle ondulée rouillent le long d'une prairie.
Plus loin, une allée de l'infini, l'infini symbole de la guerre absurde et vide de sens. Elle aligne des thuyas sur 2 rangs de 100 mètres de long. Les thuyas sont d'abord distants de 2 mètres l'un de l'autre. Puis, après 50 mètres, les 2 rangs se rapprochent pour accentuer l'effet de longueur. Une barrière en interdit l'accès pour attiser la curiosité et la perception de l'infini.
L'allée de l'infini prolonge la perspective de l'allée des trous.
Plus loin encore, un bois des ombres, groupe de conifères aux troncs blanchis à la chaux, où l'esprit des guerriers morts erre sans bruit.
On termine la visite du jardin guerrier en longeant les pleureuses, ces femmes se lamentant sur la mort des défunts et représentées par des cerisiers pleureurs.
La paix survient enfin, après avoir passé les bras d'une croix vivante, topiaire fervente imposée à un tilleul.
La cathédrale de roses, avec ses arceaux fleuris où s'entrelacent lianes et grimpantes fait naître dans l'espace, si par bonheur le temps est beau, des vitraux bleus et roses et forme une nef végétale où l'âme s'apaise .
Labellisé «Jardin remarquable» par le ministère de la Culture, ce domaine remarquable, de plus de 4 hectares, se visite tous les jours.
Un livre lui a également été consacré, "Les Jardins de Séricourt" (Editeur Ulmer, 96 p., 19,90 €).
Les "Jardins de la paix" ont fait l'objet de 4 articles de ce blog. J'ai puisé les informations dans la page événementielle du journal Le Figaro du 11 novembre 2018. Les illustrations émanent de mes recherches sur le Net.