Quand l'Auvergne répare le Nord ( N° 1330 )
Arte diffusa, vendredi soir, un joli téléfilm, tiré d'un roman éponyme: "L'Annonce", de Marie-Hélène Lafon, originaire du Cantal.
Une jeune femme, Annette, habite BAILLEUL, dans le Nord. Elle est engluée dans une liaison avec un homme violent, alors en prison pour conduite en état d'ivresse.
Annette travaille comme manutentionnaire dans un supermarché. Elle n'est pas heureuse . Elle voudrait fuir son compagnon alcoolique et consulte les petites annonces matrimoniales.
Paul, un paysan qui vit seul dans sa ferme depuis des années, n'a jamais réussi à convaincre une femme de venir s'installer longtemps avec lui. L'isolement de sa ferme en est vraisemblablement la cause. Il a passé une annonce que lit la jeune femme.
On voit tout au long du film le double sens du mot "annonce". Au commencement, il s'agit bien du petit texte qu'on adresse par l'intermédiaire de médias. Mais ces phrases mentent par omission. Il y aura des révélations à "annoncer" ensuite.
La Nordiste se pose des questions. Elle n'a pas parlé de son âge et connaît celui de l'annonceur. Elle précise donc et, par là même, retarde sa décision.
Encouragée par sa mère, elle quitte tout et part avec son fils d'une dizaine d'années. Elle débarque en plein hiver, en pleine campagne dans une région inconnue jusqu'alors: l'AUVERGNE, très exactement à FRIDIERES.
Les images font la part belle aux qualités de l'Auvergne, le paysage, le calme, la race Sallers, la viande blanc bleue, le fromage artisanal, l'entraide des semblables.
Mais il faut s'adapter au climat, au travail des bêtes, à la famille de Paul. Car il a omis de lui "annoncer" la proximité avec son père et sa sœur, les activités partagées avec eux ses voisins immédiats.
Son fils a plus ou moins accepté la situation et repris le collège. Un chien est comme toujours le compagnon d'un enfant unique.
Aussi loin que l'on soit, on a un fil à la patte avec le téléphone portable.
Le père exige, harcèle, veut revoir son fils et la mère devra finalement "annoncer" à Paul l'existence de cet homme .
Et je ne conclue pas, pour laisser une situation assez courante vous laisser perplexe, vous donner peut-être l'envie de lire le livre. Il vous faudra alors imaginer l'ambiance, que les couleurs recherchées par le cinéaste, les tons de bleu, de violet, de bordeaux, sur le blanc de la neige, ont rendue impressionnante. Il vous faudra imaginer l'avenir de cet adolescent, l'avenir du nouveau couple et la réaction du père, lui aussi isolé dans le Nord.