La nouvelle vie du château d'ESQUELBECQ dans le Nord ( N° 1744 )
Les habitants d'Esquelbecq s'en souviennent comme si c'était arrivé hier. Il était 6h30 du matin, ce lundi de septembre 1984. La petite ville, située à une vingtaine de kilomètres de Dunkerque, sommeillait encore quand, soudain, un grondement terrifiant se fit entendre, comme un coup de tonnerre, du côté du château. Les plus courageux s'habillèrent pour aller voir ce qui se passait. Quelle ne fut pas leur stupéfaction de découvrir, à travers un épais nuage de poussière, le donjon du château effondré sur le sol! Dans sa chute de 40 mètres, il avait emporté une partie de l'aile Nord de l'ancienne demeure seigneuriale, bâtie aux XIIe et XIIIe siècles, puis restaurée en 1606. Deux des trois salons abritant un joli mobilier Louis XV et des tapisseries des Gobelins se trouvaient entièrement détruits. Une brèche béante s'offrait désormais aux yeux des passants, défigurant l'édifice d'une affreuse cicatrice, mais aussi la grand-place de cette jolie bourgade des Hauts de Flandre, si paisible avec son beffroi et sa magnifique église du Xe siècle. «J'avais 6 ans. Le samedi, j'avais dormi dans l'une des chambres emportées avec le reste de l'aile», raconte le petit-fils des propriétaires de l'époque. Un véritable traumatisme. À la suite de ce dramatique éboulement, le château d'Esquelbecq, l'un des derniers joyaux flamands français, allait sombrer dans l'abandon et fermer ses portes.
Le château d’Esquelbecq est l’un des monuments les plus représentatifs de l’architecture flamande en France, avec une tour de guet d'inspiration espagnole . Il a conservé son plan médiéval, dont l’origine remonte au XIIIe siècle : un quadrilatère à huit tours et pignons à pas de moineaux, entouré de larges douves.
Après une période de sommeil, la reconstruction du château a débuté il y a une dizaine d’années : tout d’abord, l’aile nord écrasée par le donjon de 126 marches, puis les charpentes et couvertures des ailes ouest et est. Le château est mis « hors d’eau ». Il n'est pas encore totalement habitable mais, suite à la restauration de la cour d’honneur et des jardins, il est ouvert au public en juin 2017, après 33 ans de fermeture. Une association d’amis est créée, dont le but est de fédérer les actions culturelles et festives autour de ce patrimoine. La nouvelle génération prend la relève pour une phase de restauration du second-oeuvre et des décors.
(Source: le Figaro magazine page culture)
Johan Tamer-Morael, restaurateur d'art, s'implique dans le devenir du château, parce qu'il y a ses racines familiales, ayant découvert l'historique dans les archives. Il pense que ce lieu est une chance inestimable pour cette région de la Flandre française si peu connue.
Intuitif, il a des idées neuves, il ouvre un "repair café" dans les anciennes écuries, il songe à ouvrir une maison d'hôtes et un restaurant, il participe aux Journées du Patrimoine, il organise des visites aux flambeaux, une exposition des Mémoires , des visites de classes avec les les tailleurs-jardiniers...
Professionnel de l'art contemporain, il a donné à l'artiste Philippe Thill, une place de choix pour son oeuvre en résine " L'arrosoir d'Alice" . Elle valorise à la fois son oeuvre et le bâtiment.
Pour son initiative enthousiasmante, il a reçu en 2017 le "Grand Trophée de la plus belle restauration" décernée entre autres, par La fondation pour les Monuments historiques.
Il ne se lasse pas :" Un jour, il faudra reconstruire le donjon, dit Johan, mais ce sera la cerise sur le gâteau."
Ce jeune veut que les anciens retrouvent le château de leur enfance, en mettant sa passion au service du patrimoine.